CAISSE de

TRANSACTIONS

Des crises régulières

En 2009, pas moins de 140 banques ont fait faillite aux États-Unis. Au cours de 2010, on recense 15 banques qui ferment chaque mois. On y dénombre actuellement 800 banques qui connaissent des difficultés, soit plus de 11,5 % des banques commerciales (les USA comptent 7 000 banques commerciales, 1 200 caisses d'épargne et 8 000 coopératives de crédit). On pourrait presque penser que cette épidémie est conjoncturelle. En réalité, elle est bien structurelle. En Europe, le système bancaire est structuré différemment et l'interconnexion entre les banques et l'état retarde les crises ou les chaos. Cependant, les 16 banques européennes qui ont fait faillite en 2008 ont tout de même laissé une ardoise de plusieurs milliards d'euros à la banque centrale (BCE). Le système européen est tel que la répartition se fait selon le poids de chaque pays dans la zone euro (Deutsche Bundesbank 18,9 % du capital de la BCE, la Banque de France 14,2 %, celle d'Italie 12,5 % et celle d'Espagne 8,3 %...). L'implication de l'état dans l'économie en France rassure le citoyen qui est garanti à hauteur de 70 000 € lors d'une défaillance de sa banque. Cette organisation à la française n'est aucunement le signe d'une plus saine gestion. Il s'agit tout simplement d'une plus grande implication de l'état dans les affaires économiques et financières. On l'aura vu lors de la faillite du Crédit Lyonnais au siècle dernier, les contribuables français ont assumé l'intégralité du passif de 16 milliards d'euros sur leurs contributions fiscales, un vrai scandale.

Quel que soit le système financier utilisé, les dérives qui existeront seront toujours le produit de deux paramètres :

·        La limite d'incompétence. Depuis toujours les systèmes finissent par démontrer leur limite naturelle. La banque semble avoir atteint la sienne. Lorsqu'un trader est capable d'investir et de perdre des milliards sous le nez de sa hiérarchie, on peut s'inquiéter (cf. Affaires de la Barings en 1995 ou encore celle de la Société Générale en France en 2008). A tous les niveaux de la banque, des dérives existent. La banque elle même mute pour devenir assureur, installateur d'alarme, opérateur téléphonique virtuel... Si vous posez la question au client lambda dans la rue, une grande majorité répondra qu'il n'a plus aucune confiance dans sa banque. Retirons la garantie de l'état sur les dépôts bancaires et on peut parier qu'aussitôt des millions seront retirés des comptes des institutions financières.

·        Le vice structurel. Tel que nous l'avons rappelé dans les pages précédentes, pas de prêt sans dépôt préalable (épargne). Il existe un autre paramètre dont nous n'avons pas encore parlé. Il s'agit du gonflement de la masse financière sous deux formes particulières, la première l'inflation, que nos économistes savent désormais plus ou moins contrôler (sauf en cas de crise grave), le deuxième, le taux d'intérêt (usure) et la spéculation financière. Ce dernier point engendre un gonflement totalement anarchique de la sphère financière, tel une tumeur cancéreuse. Au gré des spéculations sur la masse financière, des placements hasardeux pour garantir des taux de rendements rassurants pour les marchés... l'argent gonfle et dégonfle. Le terme inflation provient du latin "inflatio" qui signifie enflure ou gonflement. Ainsi, on peut affirmer sans blasphémer que la structure même du système bancaire est sujette à des secousses, des crises et des chaos répétitifs qui trahissent ses vices de construction et hypothèquent son futur… ou plutôt le nôtre ou celui de nos enfants !

Pour conclure, le chapitre de la banque, il doit être aussi présomptueux d'affirmer aujourd'hui que les fondements de son système et de son organisation, pourraient être remis en cause, que d'annoncer à la fin du dix neuvième siècle la fin du pouvoir clérical. Comment sentir et anticiper la fin d'un empire ou d'un système ? Bien malin celui qui le sait et peut se vanter de connaître à tous coups le futur en la matière. Il est toujours possible de rencontrer le lendemain des crises des visionnaires qui avaient prévu ce qui devait se passer. Combien de quidam sont prêt à entendre le message de Cassandre ? Personne, bien évidement, et il est plus habituel de brûler l'oiseau de mauvais augure car il dérange et personne n'aime réellement le changement. Il est facteur d'anxiété car durant la période transitoire, nulle ne sait jamais quelle en sera l'issue avec certitude.

La fin brutale de la banque n'est certainement pas à souhaiter, car elle serait le signe d'un chaos total de l'économie tellement elle est imbriquée dans l'activité humaine. Comment vivre aujourd'hui sans banque ? Comment transiger sans la fluidité des moyens de paiement mis en œuvre par les institutions bancaires ? Non, il n'est absolument pas souhaitable que le chaos soit violent. Cependant, une lente mutation vers des systèmes alternatifs serait une solution bénéfique et surtout souhaitable pour l'humanité.